Si la crise énergétique mondiale préoccupe l’ensemble de la planète, une source d’énergie attire actuellement tous les regards : l’hydrogène blanc.
Christelle Rouillé, Directrice Générale d’Hynamics, experte en hydrogène bas carbone, auteure d’une masterclass sur l’hydrogène pour les 100 Leaders pour la Planète , partage son expertise.
L’hydrogène est-elle une source énergétique sur laquelle on investit depuis longtemps ? Est-elle sérieusement considérée aujourd’hui ?
L’hydrogène existe depuis bien longtemps sur terre, il y en avait déjà avant notre existence. Il s’agit d’une ressource encore négligée, notamment parce qu’elle reste difficile à évaluer. Mais la question de l’hydrogène est sur la table depuis une bonne dizaine d’années.
Ce qui est nouveau, en revanche, c’est la production d’un hydrogène bas carbone et renouvelable.
Actuellement, l’hydrogène blanc fait couler beaucoup d’encre, pouvez- vous nous expliquer de quoi il s’agit ? Qu’est-ce qui le différencie des autres hydrogènes : gris, bleu, vert, etc ?
La grande différence avec l’hydrogène blanc, c’est que contrairement aux autres, il n’a pas besoin d’une source d’énergie pour être produit. L’hydrogène blanc est disponible de manière naturelle dans la croûte terrestre, notamment grâce à la serpentinisation, la réduction des eaux souterraines, la radiolyse, etc.
Aujourd’hui, nous en avons découvert en France, au Mali, en Australie, et même aux États- Unis. Et c’est notamment pour cela qu’il suscite de l’intérêt.
Quels sont les avantages de l’hydrogène blanc ?
Il s’agit d’une source d’énergie propre, renouvelable, et qui selon de récentes études pourrait produire des millions de tonnes d’hydrogène.
Néanmoins, l’exploitabilité de l’hydrogène par l’homme suppose également la présence de couches géologiques étanches capables de bloquer la migration d’hydrogène vers la surface. Ces couches permettraient la constitution de réservoirs, comme c’est le cas au Mali.
Certain parlent de cette énergie comme d’un nouvel « Or blanc » pour la France, en opposition à l’or noir (le pétrole). Est-ce que selon vous cette qualification est justifiée ? Pourrait-il s’agir d’une opportunité économique, d’indépendance énergétique, et même environnementale ?
L’hydrogène blanc, comme le pétrole, est présent de façon massive dans la croûte terrestre. Si on lève les verrous technologiques, cela pourrait contribuer à d’importants leviers économiques et environnementaux. Les choses peuvent aller très vite, tout est une question de moyens. Nous sommes dans des conditions comparables à celles des États-Unis des années 1860 avec l’avènement du pétrole.
La France est-elle au rendez-vous en matière d’hydrogène ?
On a les meilleurs experts, notamment la papesse de l’hydrogène blanc Isabelle Morretti. On a d’excellentes sociétés, telles que Helios Aragon et 45-8 ENERGY, qui contribuent à cette avancée.
La France n’est pas en retard en matière d’hydrogène, et à priori la volonté politique est là.
Le président a souligné dans l’un de ses discours sur la souveraineté énergétique, l’importance de l’hydrogène blanc. De plus, la Lorraine possède un gisement massif.
L’hydrogène est un sujet complexe sur lequel vous avez fait une masterclass pour les apprenants de 100 leaders pour la planète. Pouvez-vous nous en parler ? Que découvre-t-on ?
La masterclass vise à sensibiliser et vulgariser la production d’hydrogène, afin d’acquérir une vision globale du sujet. J’y aborde les aspects réglementaires, financiers, économiques et technologiques, ainsi que les défis du passage à l’échelle de la production d’hydrogène propre.
Vous faites partie de la première promotion de 100 leaders pour la planète, qu’est-ce que le programme 100 vous apporte-t-il ?
Participer à ce genre de programmes est essentiel pour sortir de son environnement habituel et créer des liens entre des domaines variés.
Ces collaborations favorisent une approche collective pour résoudre les défis liés à l’énergie, à l’environnement et à la construction d’un avenir durable. Cela permet de prendre conscience qu’il faut mettre les moyens pour préserver l’humain et les ressources naturelles.