Les méthaniseurs, bien que récents, sont au cœur des enjeux liés à la transition énergétique et se positionnent comme une alternative prometteuse aux énergies fossiles en vue d’atteindre les objectifs de la France en 2050.
Interview avec Claude Gautier, fondateur de Métha’Vert et apprenant 100 Leaders pour la Planète pour comprendre les enjeux de cette transformation et de valorisation du territoire.
Quel mot représente le mieux votre parcours professionnel ?
Si je devais résumer mon parcours en un mot, ce serait ‘projet’. Il a été le moteur de ma vie. Que ce soit en tant que paysan, technicien agricole, maire, conseiller départemental, j’ai toujours été aspiré par les responsabilités.
Aujourd’hui, je poursuis mon évolution dans le milieu agricole au sein d’un écosystème aligné sur mes ambitions. C’est avec cet esprit de conquête que je me suis engagé dans le projet Métha’Vert en 2019, une entreprise spécialisée dans la méthanisation. D’ailleurs, c’est un bel accomplissement, notre projet d’installation d’un méthaniseur agricole à Loireauxence prend forme.
Les méthaniseurs apparaissent comme une alternative aux énergies fossiles et pourtant, ils ont vu le jour que récemment, dans les années 2000. Comment expliquer ce retard ?
Autrefois, la question était avant tout économique. Les énergies fossiles étaient très abordables sur le plan financier. Désormais, investir dans des énergies propres devient avantageux, soutenu par une meilleure acceptabilité sociale et des aides gouvernementales.
Cette conjoncture nous permet de surmonter les obstacles politiques et de rivaliser avec les énergies fossiles sur plusieurs fronts.
En 2050, la France a pour ambition d’être indépendante énergétiquement avec 100% de gaz vert. Comment la méthanisation peut-elle aider à atteindre cet objectif ?
La méthanisation est sur une trajectoire ascendante et va continuer de prendre de l’ampleur. Le monde agricole est déjà en train de s’organiser, particulièrement sur le plan politique avec la mise en place d’organisations régionales dédiées.
Nous transformons déjà les déchets agricoles et cela peut s’étendre aux déchets ménagers pour inscrire cette pratique dans une économie circulaire plus vaste et durable.
Les avantages de la méthanisation sont ainsi écologiques et agronomiques, mais ce ne sont pas les seuls…
En effet, la méthanisation représente une plus-value écologique et agronomique. Elle permet de transformer les déchets agricoles en une source d’énergie renouvelable tout en maîtrisant les gaz à effet de serre.
Pour les agriculteurs, c’est un complément de revenus et pour les territoires, la méthanisation contribue à leur indépendance énergétique.
Bien sûr, la méthanisation offre de nombreux avantages mais elle suscite également des contestations, notamment en ce qui concerne l’esthétique et les nuisances olfactives. Comment réagissez-vous face à ces préoccupations ?
Tout d’abord, il est important de souligner que la méthanisation est exempte d’odeurs puisque le processus consiste à capturer le CO₂, le stocker et le rejeter sous forme de ch4.
Avec Métha’Vert, nous avons mis en place des mesures pour atténuer l’impact visuel en enterrant les cuves. Et puis, pour ce projet de méthaniseur à Loireauxence, il y a seulement une maison dans un rayon de 500 mètres.
Quel est l’enjeu de la méthanisation pour aujourd’hui et demain ?
Il faut remettre l’agriculture au cœur du développement des territoires. Cette démarche favorise la création d’emplois, réduit la dépendance énergétique et renforce l’activité en zones rurales tout en assurant leur développement.
La plupart des citoyennes et citoyens soutiennent le passage aux énergies vertes. Mais les changements suscitent des réticences et des appréhensions. Heureusement, en France, des administrations et des organisations sont mobilisés pour soutenir les projets locaux et réussir la transition énergétique.
Comment envisagez-vous le futur de la méthanisation ?
Le cap est donné et nous devons maintenir nos efforts pour assurer la pérennité de la vie sur terre. La méthanisation est une véritable plus-value pour l’avenir, surtout dans cette perspective d’une société sans déchet.
Je constate que la jeune génération est particulièrement réceptive et engagée sur ces questions. Mais nous devons étendre cette sensibilisation au plus grand monde… et cela requiert une approche pédagogique. Le temps presse, il est urgent de comprendre les transitions qui s’opèrent pour agir efficacement.
L’éducation est d’ailleurs l’un de nos enjeux principaux chez 100 Leaders pour la Planète. Nous avons donc des objectifs communs…
Nous apprenons des autres. Je me considère comme un artisan, un relai, animé par un besoin d’utilité sociale. Au sein de 100 Leaders pour la Planète, je me sens prêt à assumer le rôle d’ambassadeur de la transition écologique.
Et plus j’avance dans la vie, moins j’ai le sentiment de connaître des choses. Ce qui était vrai il y a 20 ans, ne l’est plus forcément aujourd’hui.
Comment envisagez-vous le monde en 2100 ?
Je suis optimiste quant à la capacité de l’Homme à s’adapter et à réagir face aux crises et aux défis majeurs. Nous devons faire évoluer nos entreprises et notre gouvernance politique. Les clés du changement sont entre nos mains. Devenons acteurs des ces évolutions majeures et nécessaires !
Je suis surtout préoccupé par le glissement dans un populisme ambiant où tout deviendrait si facile ! La confiance en nos femmes et nos hommes politiques passe par l’exemplarité ! Je fais ce que je dis et je dis ce que je fais !
Je plaide en faveur d’une approche où l’éducation et la formation occuperaient une place centrale.
Une dernière chose à ajouter ?
Demain sera ce que nous déciderons, soyons les premiers à tracer le sillon.