Les effets du réchauffement climatique se font plus forts et plus nombreux. Les entreprises ont entre leurs mains le pouvoir de faire avancer la transition écologique et énergétique en formant leurs leaders.
Le frein à la transition écologique et énergétique n’est plus technologique
Alors que les crises climatiques et énergétiques ferment nos usines et nos radiateurs, les acteurs de la transition énergétique et climatique appellent les territoires et les entreprises à prendre la mesure de l’enjeu et agir.
« Si l’on avait anticipé notre transition, nous n’aurions pas de problème d’énergie cet hiver. Ceux qui ont fait la transition énergétique vont être résilients, mais ceux qui n’ont encore rien entrepris vont subir la crise de plein fouet. Aujourd’hui, ce n’est plus une transition mais une transformation dont les entreprises et territoires ont besoin. » réagit Stéphane Paul, dirigeant d’H2X-Ecosystems, qui propose des solutions de stockage hydrogène aux industriels.
D’autant plus qu’il ne s’agit pas de faire le dos rond en se disant que l’hiver passera : « le plus difficile n’est pas cet hiver, mais l’hiver prochain, celui de 2023-24, avec des réserves au plus bas, et du gaz importé qui fera monter les prix » prévient Vincent Sciandra, fondateur de Metron, dont la solution technologique permet de mesurer et réduire les consommations énergétiques.
Des enjeux et des solutions encore trop méconnus
Un des premiers freins à la transition écologique et énergétique est, bien sûr, la méconnaissance des solutions existantes, à commencer par celles capables de mesurer la situation actuelle des entreprises et des villes, premier pas vers la mise en place de stratégie de décarbonation et transformation écologique.
Mais si la solution du fondateur de METRON est désormais mise en avant dans le Plan Sobriété du gouvernement, les fournisseurs de solutions ont encore l’impression de devoir évangéliser le marché sur des premières étapes essentielles.
Sans doute car les enjeux mêmes de la transition écologique et énergétique étaient encore, jusqu’à cette année, abstraits pour beaucoup d’entreprises, villes et consommateurs, qui découvrent brutalement la dépendance de notre société et de nos modes de vie à l’énergie et aux aléas climatiques.
« Se transformer demande une grande humilité, c’est-à-dire une grande transparence des entreprises comme des pouvoirs publics sur les bilans carbone et écologiques, explique David Duccini, fondateur d’Origins.earth. On ne peut, par exemple, accompagner le changement dans les transports que si on peut dire au citoyen que ses efforts de la semaine passée ont marché, sinon cela ne marche pas.”
Un cadre réglementaire non adapté à l'urgence climatique et énergétique
Toutefois, au-delà de se faire connaître, bon nombre de solutions doivent faire face à un cadre réglementaire encore trop embryonnaire pour les diffuser.
« Aujourd’hui on est dans le bac à sable, il faudrait passer dans le cours des grands » résume Vincent Guerré, dirigeant d’Enosis, sol stockage et recyclage du CO2 innovant, faisant référence au bac à sable réglementaire organisé par la CRE.
Même son de cloche chez Leakmitted, start-up en charge d’aider les collectivités et les régies d’eau à identifier et prévenir les fuites d’eau sur les réseaux français, perdant en moyennant 20 % du précieux or bleu, à l’heure où les canicules assèchent les réserves l’été et contraignent les villes à couper l’eau : « Les contrats concernant la gestion de l’eau des villes sont mis en place pour dix ans, donc pendant ce temps-là, impossible d’agir réellement. » explique Hubert Baya Toda, le fondateur de l’entreprise.
L’éducation et la formation au cœur de la transformation de nos organisations
Les grands plans de formation récemment annoncés aussi bien par le gouvernement que par les entreprises en témoignent : l’éducation est devenue la priorité numéro un de la transformation écologique et énergétique, aussi bien au sein du tissu socio-économique et industriel, que politique.
Mais aux théories académiques et constats scientifiques, doivent désormais s’ajouter l’apprentissage de solutions opérationnelles. Ce besoin implique une implication forte des entreprises et organisations actrices du changement, à la fois apprenantes et pédagogues.
« Nous avons besoin de faire comprendre aux futurs clients comment on peut les aider à accélérer la transition écologique et énergétique » conclut Stéphane Paul, dirigeant d’H2X Ecosystems.
La formation des décideurs : une priorité dès maintenant
Dans cette phase d’éducation du marché, les décideurs ont un rôle clé pour permettre à leurs organisations de mieux comprendre les grands enjeux de la transition écologique, énergétique et sociale (TEES) et donc de mieux appréhender l’urgence climatique, de comprendre les orientations stratégiques vers la neutralité carbone et de pouvoir décrypter l’actualité.
Aux dirigeants,en effet, la responsabilité de guider leurs organisations dans cette transformation et leurs donner les moyens de se former et de se transformer, afin d’en faire de véritables organisations, à la fois apprenantes et rayonnantes, capable d’interagir de manière collaborative et itérative avec leurs écosystèmes.